Stop proxénètes d’ados | Child Focus

Ne te laisse pas avoir

Qu’est-ce qu’un proxénète d’ados ?

Child Focus a mené une étude sur le phénomène des proxénètes d’ados, dans laquelle ceux-ci sont définis comme suit :

Les proxénètes d’ados sont des trafiquants d’êtres humains qui rendent intentionnellement des adolescents affectivement dépendants d’eux, afin de les exploiter ensuite dans la prostitution. Ils utilisent pour ce faire le mensonge, la contrainte, la violence physique et psychologique et/ou abusent de la vulnérabilité de leurs victimes.

Les proxénètes d’ados demandent à leurs victimes d’avoir des relations sexuelles rémunérées qu’ils arrangent avec des clients. Ces clients peuvent être des connaissances des proxénètes d’ados eux-mêmes ou des inconnus qu’ils trouvent sur Internet. En outre, les proxénètes d’ados demandent parfois à leurs victimes de commettre des délits et ils peuvent leur faire consommer de la drogue. Souvent, après un certain temps, ils demandent également à leurs victimes de « recruter » d’autres ados.

Les proxénètes d’ados recherchent donc des mineurs vulnérables pour les manipuler au point que ces victimes aillent très loin pour leur faire plaisir, notamment en se prostituant pour eux. Il faut dès lors lutter avec force contre cette forme d’exploitation sexuelle de mineurs, afin de libérer les victimes le plus rapidement possible des griffes de leurs proxénètes.

Qui peut être victime d’un proxénète d’ados ?

N’importe quel jeune peut tomber entre les mains d’un proxénète d’ados. Toutefois, toutes les victimes ont une chose en commun : leur vulnérabilité.

Tout d’abord, il est essentiel de considérer les jeunes pris au piège par un proxénète d’ados comme des victimes d’exploitation sexuelle. Les proxénètes d’ados se débrouillent pour trouver les ados les plus vulnérables. Cette vulnérabilité peut être le résultat de différents facteurs, comme un contexte socio-économique difficile, une mauvaise image de soi ou une situation éducative problématique. C’est justement cette fragilité qui attire l’attention des proxénètes d’ados sur ces jeunes en particulier.

Il ne faut pas sous-estimer les conséquences psychologiques de cette exploitation. Les victimes vont rapidement s’imaginer que ce qui leur est arrivé est de leur faute, qu’elles en sont responsables. Certaines vont jusqu’à penser qu’elles ont mérité d’être exploitées de la sorte. Souvent, les victimes ne se considèrent pas comme des victimes, parce qu’elles ont été manipulées au point d’affirmer qu’elles ont choisi elles-mêmes de se prostituer et le faire donc « totalement volontairement ». Cependant, un mineur ne peut choisir volontairement de se prostituer. C’est ce qui est établi par la loi et c’est donc valable pour tous les mineurs, quelles que soient les circonstances.

Législation

Les pratiques de ces proxénètes d’ados correspondent parfaitement à la définition de « la traite des êtres humains » du code pénal. C’est pourquoi il faut toujours considérer les proxénètes d’ados comme des trafiquants d’êtres humains et leurs victimes comme des victimes de la traite des êtres humains.

Pour en savoir plus sur ce qu’est la traite des êtres humains, vous pouvez consulter le site Internet de Myria

Depuis vingt ans déjà, la Belgique prône une approche multidisciplinaire de l’aide aux victimes de la traite des êtres humains, ce qui va donc de pair avec une étroite collaboration des services d’aide, de la police et de la justice. Cette approche est établie dans la circulaire du 23 décembre 2016

Dans cette circulaire, il est également demandé d’accorder une attention particulière aux droits des victimes, même si celles-ci ont enfreint certaines lois. Afin de concilier la nécessité de les protéger et la lutte contre la traite des êtres humains, ces victimes bénéficient d’un statut de protection spécifique. Les personnes qui se voient attribuer ce statut de protection prétendent à un accompagnement social, médical, juridique et à un accueil, de même qu’à une autorisation de séjour et à un permis de travail, dans le cas où c’est applicable. La circulaire établit trois conditions cumulatives à l’obtention du statut de victime :

(1) rompre tout contact avec les auteurs présumés,

(2) se laisser accompagner par un centre d’accueil spécialisé et reconnu, qu’il s’agisse de PAG-ASAPayoke ou Sürya

et (3) collaborer avec les instances judiciaires en faisant des déclarations.

Dans le cas où la victime est un mineur étranger non accompagné, il faut évaluer ces critères en faisant preuve de souplesse, étant donné que la victime est particulièrement vulnérable.

Comment procèdent les proxénètes d’ados ?

Chaque proxénète d’ados a sa propre méthode mais ils suivent toujours ces quatre phases :

  • recruter;
  • amadouer;
  • isoler;
  • exploiter.

groomingPour trouver et recruter leurs victimes, les proxénètes d’ados se rendent là où les jeunes passent beaucoup de temps et où ils peuvent donc facilement entrer en contact avec eux. À l’heure actuelle, les réseaux sociaux sont le lieu où les jeunes sont les plus accessibles à ces proxénètes. Cette recherche de victimes potentielles sur Internet est ce qu’on appelle le hawking.

Une fois qu’il a établi le contact et que sa victime continue de répondre à ses questions, le proxénète d’ados rassemble souvent le plus d’informations personnelles possible sur elle, pour éventuellement les utiliser contre elle par la suite, si cela devait s’avérer nécessaire. Ces informations peuvent être des secrets que l’ado lui a confiés ou bien des photos sexy ou encore des sextos que le jeune lui a envoyés.

Comme le proxénète d’ados rassemble autant de renseignements que possible sur sa victime, il sait ce que le jeune désire, ce qui lui manque dans la vie ou quels sont ses points faibles. Il se montre alors très habile et s’arrange pour que sa victime s’attache à lui. C’est la phase pendant laquelle il va « amadouer » sa victime : il va la combler d’attention, de compliments, de fausses promesses ou de cadeaux. Cette façon d’amadouer quelqu’un dans le but de l’exploiter sexuellement s’appelle le grooming.

Petit à petit, les proxénètes d’ados vont isoler leurs victimes socialement et se positionner comme la seule personne importante dans leur vie. Le jeune, isolé de ses amis, de sa famille, de son école ou de son institution, a l’impression que le proxénète est la seule personne qui tienne à lui. S’ensuit souvent un jeu malsain de la part du proxénète, qui attire et rejette sa victime jusqu’à ce que celle-ci mette finalement tout en œuvre pour avoir (ou récupérer) son attention et la garder.

Ensuite le proxénète commence à exploiter sa victime en lui demandant d’avoir des relations sexuelles avec lui et/ou d’autres personnes. Il la rend souvent dépendante de drogues, afin de faciliter ces relations sexuelles rémunérées et de rendre l’ado encore plus dépendant(e). Les victimes peuvent également se retrouver impliquées dans d’autres délits, comme des braquages, des vols, le transport ou la vente de drogues.

Comment repérer si un jeune est victime d’un proxénète d’ados ?

Ci-dessous, vous trouverez un certain nombre d’éléments qui peuvent indiquer qu’un jeune s’est peut-être fait piéger par un proxénète d’ados. Attention, cette liste n’est pas exhaustive et n’offre aucune certitude. Certains jeunes présentent ces caractéristiques sans pour autant être victimes d’un proxénète mais il est également possible que peu d’éléments ou aucun ne se manifeste chez une victime.

Cette liste se base sur l’expérience que nous avons acquise des cas que nous connaissons. Si l’on sait que bon nombre de cas ne font jamais surface, il ne faut certainement pas voir la liste ci-dessous comme une série de cases à cocher pour déterminer si un jeune est victime ou non, mais plutôt comme un « guide ».   

Une victime de proxénète d’ados :

  • a la plupart du temps entre 12 et 18 ans et se trouve donc souvent en pleine puberté. Pendant cette période, les jeunes sont en plein développement, tant sur le plan mental, émotionnel, que sexuel. C’est justement ce qui les rend si sensibles à l’influence des proxénètes d’ados;
     
  • a souvent une mauvaise image d’elle-même. Cela peut être le résultat de différents facteurs, comme situation éducative problématique, une enfance difficile, des problèmes psychologiques ou même plus simplement les trop nombreuses incertitudes que comporte cette phase de puberté;
     
  • fugue souvent : un jeune coincé dans le circuit d’un proxénète doit être disponible pour son tortionnaire. Parfois l’ado s’absente plus longtemps pour pouvoir passer plus de temps auprès de son proxénète et donc travailler pour lui autant que possible. On retrouve également ce jeune plus souvent la nuit, dans des lieux publics ou toujours dans les mêmes quartiers;
     
  • connait souvent d’autre victimes, dont elle est inséparable. Les proxénètes d’ados travaillent souvent en réseaux. Par conséquent, différentes victimes se connaissent entre elles. Elles fuguent dès lors régulièrement ensemble et sont souvent retrouvées ensemble. Bon nombre de victimes recrutent aussi elles-mêmes de nouveaux jeunes, sous la contrainte (psychologique) de leur proxénète;
     
  • se sent seule : un proxénète d’ados met tout en œuvre pour amadouer le jeune et l’isoler de sa famille, de ses amis et de tous contacts sociaux en général. Le proxénète a évidemment davantage d’influence sur l’ado si il/elle se sent seul(e) et a l’impression que son proxénète est la seule personne qui lui reste dans la vie;
     
  • a souvent un « petit ami » plus âgé : un proxénète d’ados peut se faire passer pour le petit ami de sa victime, pour gagner sa confiance et éventuellement celle de son entourage également. Toutefois, il ne le fait pas systématiquement. Souvent, il arrive aussi que le jeune, une fois tombé dans ce milieu, soit “transmis” de proxénète en proxénète. L’ado change alors régulièrement de « petit ami »;
     
  • s’isole : une victime de proxénète d’ados va se sentir seule et penser qu’elle n’a personne qui puisse l’aider. De plus, elle a beaucoup de secrets sur le cœur, qui concernent l’exploitation sexuelle en soi ou toutes les choses qui ont pu se dérouler sous ses yeux. Souvent, une victime ne s’intéresse plus à rien d’autre qu’à son proxénète et à la réalité qui entoure celui-ci. Elle se désintéresse donc souvent complètement de l’école, de ses amis, de sa famille … ;
     
  • sèche souvent les cours : l’école est un environnement de contrôle social, où en plus il faut respecter des règles. Les victimes de proxénètes d’ados se braquent plus souvent que les autres jeunes contre ces règlements et ne veulent subir absolument aucun contrôle social. C’est la raison pour laquelle elles évitent l’école. En outre, le proxénète d’ados veut parfois utiliser sa victime pendant les heures de cours également. Être disponible pour le proxénète devient alors plus important que l’école;
     
  • consomme souvent de la drogue (et de l’alcool) : un proxénète d’ados peut recourir aux drogues pour accroître la dépendance de sa victime ou la rendre plus docile. Il use également de l’ivresse provoquée par la drogue ou l’alcool afin de « faciliter » les relations sexuelles rémunérées avec des inconnus;
     
  • a soudain un nouveau cercle d’amis : le proxénète travaille souvent en réseau. D’autres complices sont impliqués dans cette opération criminelle. La victime considère souvent ce réseau comme un groupe d’amis ou même comme « la famille », dont les membres peuvent compter les uns sur les autres. Le proxénète d’ados peut contrôler la victime et maintenir ce contrôle en faisant en sorte qu’elle reste en compagnie de personnes en qui il a confiance;
     
  • adopte subitement des normes, des convictions divergentes, se comporte et commence même à parler différemment;
     
  • a tout à coup des effets personnels ou des vêtements dont elle ne peut ou ne veut pas expliquer l’origine : un proxénète peut faire en sorte que sa victime reste docile en lui offrant de l’argent et des cadeaux. De cette manière, il s’assure qu’elle continue à coopérer ou achète son silence. Souvent, il lui procure aussi des vêtements ou d’autres effets que sa victime peut utiliser spécifiquement pour se prostituer;
     
  • fréquente des lieux inhabituels pour un mineur, de jour comme de nuit.
Comment réagir lorsqu’un jeune m’explique être la victime d’un proxénète d’ados ?

Ces jeunes sont des victimes !

Le plus important, avant tout autre chose, est de considérer le jeune comme une victime et de le traiter comme telle. Nous voyons trop de cas où l’ado est traité(e) comme un jeune à problèmes ou comme un complice, voire l’auteur des faits. C’est surtout dû au fait que cette victime est sous l’emprise de son proxénète, au point d’aller jusqu’à avoir des comportements criminels ou à recruter d’autres victimes. C’est cependant cette façon de voir les choses qui fait que nous méconnaissons totalement ce phénomène.

La victime se sentira encore davantage rejetée et isolée, ce qui ne fera que confirmer ses convictions et les dynamiques qui étaient à l’origine de cette situation traumatisante (« le proxénète est la seule personne qui me reste », « je n’ai pas d’autre choix », « personne ne tient à moi », « je ne peux plus m’en sortir »). C’est ce qui permet à tout ce système de fonctionner. Au contraire, le jeune doit justement avoir le sentiment d’être en sécurité et, surtout, d’être mieux loin de son proxénète plutôt qu’avec lui.

Il est dès lors d’une importance capitale que toute personne qui se trouve confrontée à une victime de proxénète d’ados adopte cette même attitude : soutenir la victime, ne pas la juger, ne pas la sanctionner. Cela vaut pour les parents mais également pour les professeurs, les travailleurs des différents services d’aide, la police, le parquet et toutes les autres personnes qui entrent en contact avec des victimes de proxénètes d’ados.

Renseignez-vous sur ce phénomène !

Informez-vous en profondeur sur le sujet, notamment en consultant ce site Internet, afin de saisir la gravité de la problématique des proxénètes d’ados. Avec toutes ces informations, il sera par la suite plus facile de parler à une victime et de la comprendre.

Demandez-vous également si vous êtes la personne la mieux placée pour l’aider. Vous ne devez pas assumer ça seul.

Informez aussi la victime

Souvent, les victimes s’imaginent seules. Elle ne se rendent pas compte que d’autres mineurs subissent le même sort. Elles ne peuvent croire qu’il est possible d’y mettre fin. Proposez dès lors à la victime de consulter des documents dans lesquels elle peut se reconnaître, comme la partie de ce site dédiée aux jeunes.

En lisant des récits dans lesquels elle peut s’identifier, la victime se rendra peut-être davantage compte qu’elle est effectivement une victime et que ce qui lui arrive est mal.

Si vous avez l’impression que la victime considère le proxénète d’ados comme son « petit ami », essayez de discuter avec elle de ce qu’est une bonne relation. Tâchez de ne pas vous montrer trop moralisateur mais faites-lui quand même comprendre clairement que sa situation actuelle n’est pas celle d’une relation amoureuse saine. Pour ce faire, ce serait également une bonne idée de renvoyer la victime vers ce site. Discutez aussi avec les jeunes de ce que sont des relations sexuelles saines. 

Soutenez la victime

  • Adoptez toujours une attitude de « soutien ». Il est important que la victime ne se sente pas jugée donc montrez-lui à tout instant que vous êtes de son côté et voulez l’aider.
  • Si la victime essaye de vous parler de sa situation, de ce qu’elle a fait, de ses raisons, de ses choix, écoutez-la sans porter de jugement. Pour une victime, accorder sa confiance à quelqu’un représente déjà une étape majeure donc tâchez de ne pas la trahir.
  • Veillez à ce que la victime ne se sente pas seule dans cette situation. Faites-lui comprendre qu’elle peut s’en sortir et que vous pouvez chercher des solutions ensemble. Ne lui promettez pas de solution miracle mais montrez-lui que vous ne baisserez pas les bras, que vous continuerez à chercher et à agir ensemble, ce sera déjà beaucoup.
  • Continuez à chercher le dialogue et n’abandonnez jamais, même si vous êtes repoussé systématiquement. Tâchez de ne pas faire pression sur la victime pour qu’elle vous dise tout. Souvent, les victimes ne veulent pas s’exprimer tout de suite. Pendant une longue période, elles ne s’aperçoivent pas qu’elles sont des victimes et ne semblent pas vouloir mettre fin à cette situation. Ne cessez dès lors pas de lui dire que vous ne la laisserez pas tomber. Bon nombre de victimes de proxénètes d’ados ont l’impression que les adultes les ont laissé tomber toute leur vie. Brisez ce cercle.
  • N’imputez jamais la situation à la victime, même si elle ne veut ou ne peut pas prendre ses distances avec la personne qui l’exploite. Les victimes de proxénètes d’ados ne se considèrent souvent pas comme des victimes et, dès lors, ne considèrent pas non plus leur proxénète comme leur tortionnaire.

Agissez !

  • Ne promettez pas à une victime que vous ne répéterez son histoire à personne. Si vous avez de sérieuses raisons de penser que vous êtes face à un cas de prostitution de mineur, vous ne pouvez pas simplement garder ça pour vous, il est important que d’autres mesures soient prises. Si un proxénète d’ados fait une victime, il fait presque toujours subir le même sort à d’autres jeunes donc beaucoup d’autres mineurs sont en danger, que ce soit aujourd’hui ou demain. Veillez bien à ce que le jeune puisse continuer à vous faire confiance, à chaque étape que vous entreprendrez en lui expliquant bien, ouvertement et en toute transparence, ce que vous allez faire et pourquoi. C’est très important et certainement possible, même dans les limites du secret professionnel.
  • Il est conseillé de faire une déclaration à la police. Vous pouvez également le faire par le biais d’organisations telles que Child Focus au numéro gratuit 116 000 ou par mail anonymement si vous le désirez. Dans ce genre de dossier, Child Focus travaille en étroite collaboration avec la police afin de mettre fin aux activités des proxénètes d’ados et d’aider les victimes.
  • En ce qui concerne les cas de traite des êtres humains, vous pouvez prendre contact avec un centre spécialisé dans l’accueil et l’accompagnement de victimes de la traite des êtres humains, afin de discuter ensemble du problème et voir ce qui peut être fait. Ces centres ne sont pas liés à un territoire et sont joignables 24h/24 : 
  • Pag-asa
  • Payoke
  • Surya

Faites-vous aider

  • Être la personne de confiance d’un jeune qui a des problèmes aussi graves et aussi complexes peut être un fardeau extrêmement lourd à porter. Vous avez dès lors toujours le droit de chercher à vous faire aider et soutenir. Il est important que vous ne restiez pas seul à veiller sur ce jeune mais que vous contactiez immédiatement des organisations professionnelles, telles qu’un centre PMS et Child Focus, qui peuvent vous offrir leur soutien.
Comment discuter de ce sujet avec ma classe ou mon groupe ?

Des jeunes de toutes les tranches de la population sont confrontés à des proxénètes d’ados donc c’est une bonne idée de faire connaître ce sujet aux élèves afin qu’ils ne soient pas surpris si un jour ils se retrouvent (indirectement) face à ce genre de situation. Informer et sensibiliser, ce n’est jamais du temps perdu.

Toutefois, la dynamique du groupe ou l’atmosphère qui règne dans la classe est un point important auquel vous devez prêter attention. Pour pouvoir discuter d’un thème tel que celui-ci, il est essentiel que les jeunes se sentent en sécurité auprès des autres élèves et de leur professeur ou moniteur. Il ne faut pas forcer des jeunes à parler de ce sujet s’ils n’en ont pas envie. De plus, juger ou pire, critiquer l’opinion des autres à propos d’éléments liés à cette problématique est absolument hors de question.

  • PIKASOLÉtablissez au préalable un certain nombre de règles de base avec les élèves, par exemple l’obligation de respecter les autres et de respecter l’avis et la confiance de chacun. Les règles développées par Sensoa (le centre flamand d’expertise sur la santé sexuelle) peuvent vous aider.
    • Vie privée : ce que nous racontons ici est confidentiel et ne sort pas du groupe. Ni nous, ni nos moniteurs ou professeurs, n’utiliserons ce que nous entendons ici dans d’autres situations.
    • Je parle en « je » : nous parlons de nous-mêmes, de nos sentiments, nos expériences, nos convictions … Nous sommes ouverts et honnêtes dans ce que nous disons.
    • Choisis ce dont tu veux parler ou non : toute chose n’est pas bonne à dire devant n’importe qui et tu peux choisir en toute quiétude de garder ce que tu ressens et ce que tu penses pour toi, si tu ne te sens pas à l’aise dans le groupe.
    • Actif : sois actif dans le déroulement de l’activité de groupe. On donne assez de liberté au groupe pour pouvoir déterminer ce dont nous voulons parler. N’attends donc pas passivement que quelqu’un apporte quelque chose.
    • Sexuellement actif : le sexe, ce n’est pas uniquement coucher avec quelqu’un, ça se passe aussi dans ta tête, dans ce que tu ressens. Nous parlons donc ici de toutes les formes de relations sexuelles et tout le monde peut s’exprimer à ce sujet.
    • Orientation : les personnes peuvent être hétérosexuelles, homosexuelles, lesbiennes, bisexuelles. Il y a de grandes différences entre ces orientations. Il faut en tenir compte et les respecter.
    • Rire, écouter : l’humour est important. Il est parfois bon de relâcher la pression lorsqu’on avance sur un terrain miné. Par contre, il est interdit de se moquer. De plus, écouter est tout aussi important que parler.

Prenez des exemples de l’actualité ou des médias populaires pour lancer une discussion. 

  • Il existe également des organisations qui ont développé toute une série d’outils de prévention, comme l’association néerlandaise Scharlaken Koord, qui met à disposition des livrets, des bandes-dessinées, des jeux et d’autres outils (qui n’existent malheureusement qu’en néerlandais). Vous pouvez les commander pour votre classe ici. 
  • Ne discutez pas seulement du proxénétisme d’ados mais également des phénomènes qui y sont liés :
    • la vie relationnelle, affective et sexuelle : pour cela, Sensoa (le centre flamand d’expertise sur la santé sexuelle) propose pas mal d’outils (uniquement en néerlandais), 
    •  le sexting, le sextortion et le grooming.
    • L’image de soi et la résistance morale. 

Dans ce cadre, Child Focus a développé GPS (Girl Power Squad), un outil pédagogique unique destiné aux professionnels du secteur de l’aide à la jeunesse pour travailler avec des filles fragilisées dès l'âge de 11 ans autour de la problématique des proxénètes d’adolescents.

Quoi ?

GPS fournit aux professionnels du secteur de l’aide à la jeunesse des informations sur les dynamiques du phénomène, ainsi que des pistes sur la façon d’aborder cette thématique avec des jeunes.

L’outil se compose de méthodologies en ligne et hors ligne. Par ailleurs, avant de se pencher explicitement sur le sujet des proxénètes d’adolescents, d’autres thèmes sont abordés, tels que :

  1. L’amitié, les relations et la sexualité
  2. L’image de soi et de son corps
  3. La capacité de poser ses limites
  4. Les personnes de confiance
  5. Les proxénètes d’adolescents

Public-cible ?

Des jeunes filles dès l’âge de 11 ans (avec le développement mental/émotionnel correspondant) qui résident dans un service de l’aide à la jeunesse.

Comment avoir accès à l’outil ?

L’outil est gratuit. La seule chose dont vous avez besoin est un login. Vous pouvez en faire la demande auprès de training@childfocus.be. Nous vous enverrons alors un login unique avec lequel vous pourrez accéder à la plateforme GPS et aux modes d’emploi qui l’accompagnent.

Pour se connecter à l’outil : www.girlpowersquad.be  

L’outil a été développé en collaboration avec : CGSO Brugge, Cirkant, Expertisecentrum Helse Liefde, Fordulas, Ghapro, GI De Kempen, GI De Zande, Jez11, Juno, Krinkel, Pimento, Radar, Sensoa, Van Celst, Wingerdbloei, l’AGAJ, ECPAT, Pag-Asa, O’YES, Esperanto & Samilia et a vu le jour grâce au soutien financier de la Fondation Roi Baudouin dans le cadre du fonds ‘Hope for Girls et la Banque nationale de Belgique.

Vous êtes intéressé par une formation sur le phénomène des proxénètes d’adolescents et l'outil de prévention Girl Power Squad? N'hésitez pas à faire une demande via training@childfocus.org 

 

Soyez toutefois prudent. Nous parlons ici de prévention au sens large, de manières de sensibiliser et de discuter de ces phénomènes. Cependant, si vous savez que l’un de vos élèves est victime de proxénétisme d’ados, mener une discussion ouverte avec toute la classe n’est pas la meilleure approche. Au contraire, vous courez le risque que ce jeune ne se sente encore davantage stigmatisé.

Respect du secret professionnel et importance de partager l’information

Les personnes exerçant des métiers dans le secteur de la santé et du bien-être n’ont pas le droit de révéler quoi que ce soit de ce qui leur a été dit dans l’exercice de leur fonction. Cette interdiction vaut également pour les médecins, pharmaciens, assistants sociaux, de même que pour les policiers et professeurs. Briser le secret professionnel est punissable par la loi. La plupart des personnes travaillant dans les services d’aide doivent aussi évidemment respecter le secret professionnel mais dans certains cas, ils peuvent voire doivent le briser.

Les exceptions les plus importantes, qui sont pertinentes dans ce contexte, dans le cas où des travailleurs de services d’aide se trouvent confrontés à des victimes de proxénètes d’ados et de la traite des êtres humains, sont reprises dans les articles 422bis et 458bis du code pénal. L’article 422bis établit tout d’abord que le fait de s’abstenir de venir en aide à une personne en danger est punissable. De toute évidence, les victimes de proxénètes d’ados sont exposées à un grave péril si elles sont prises au piège dans les réseaux de ce milieu criminel, en particulier parce qu’elles se font possiblement violer plusieurs fois par jour par des adultes qui paient le proxénète d’ados dans ce but. Par conséquent, si l’on sait qu’un mineur évolue dans ce milieu dangereux, on a l’obligation de tout mettre en œuvre pour aider la victime. Dans ce cas-ci, on est déjà couvert par cet article lorsqu’on brise le secret professionnel. Deuxièmement, l’article 458bis établit que toute personne soumise au secret professionnel qui a connaissance de l’exploitation sexuelle d’enfants doit le signaler aux instances judiciaires.

Grâce à ces deux articles, les professionnels ont donc parfaitement le droit voire l’obligation de briser le secret professionnel s’ils ont connaissance de cas de proxénétisme d’ados. Il est évidemment assez difficile de rompre la relation de confiance établie avec la victime, en particulier lorsqu’elle demande de ne rien répéter à personne. Cependant, on ne dira jamais assez à quel point il est essentiel de ne pas garder cette information pour soi afin d’éviter que le proxénète d’ados ne puisse poursuivre ses activités en toute impunité et continuer à laisser des mineurs se faire abuser contre de l’argent. En outre, si l’on garde le silence, il est possible qu’il fasse encore de nombreuses victimes.

Dans certains cas, il est aussi nécessaire d’informer les parents de ce qui arrive à leur enfant mineur. Ils sont en effet responsables de leurs enfants et ont un droit de décision sur des aspects fondamentaux de leur éducation, comme leur enseignement et leur santé. On recommande souvent de discuter avec la victime de l’importance d’avertir ses parents de ce qui se passe, dans le cas où ils jouent un rôle actif dans sa vie. C’est d’autant plus important que les parents peuvent porter plainte à la police pour dénoncer le cas de proxénétisme d’ados, même si la victime mineure s’y oppose ou en est incapable. De cette façon, les recherches peuvent débuter et les chances d’arrêter les proxénètes d’ados sont plus grandes !